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sur ses motivations.

La nuit est encore profonde mais dans les contre-bas de la ville il y a encore beaucoup de passants qui se promènent, et si quelques téméraires tentent de barrer le passage à Énavila, soit avec leur bracelet, ou même en faisant barrière de leur corps, la plupart s'éloigent devant sa rage, ou crie au scandale quand elle fait mine de les bousculer.

À plusieurs reprises Énavila tente de passer un sym, mais les traceurs l'interceptent et lui bloquent l'utilisation de son bracelet pour communiquer. Elle s'écrie avec rage à chaque fois qu'ils lui cause des ennuis :

- Saloperies de bestioles de merde, vous allez me laisser tranquille, barrez-vous !

Elle saute de rage en direction d'un des traceurs pour l'attraper, mais il n'a aucun mal à l'éviter et profite de sa baisse d'attention pour la paralyser. Elle tombe alors lourdement sur le sol, en criant de tout son souffle. Des images de traceurs détruits par divers objets s'échappe de son esprit, puis bien vite elle se reconcentre pour faire le vide :

- Merde ! Putain de putain ! Font chier tous...

Elle marche alors plus calmement dans la rue, évitant de loin les passants qui traînent. Soudain une énorme abeille arrive et entoure Énavila sans qu'elle ait eu le temps de réagir. L'abeille s'est fixée au dos, aux bras et aux jambes d'Énavila, la maintenant fermement. Elle se débat comme une furie, relâche sa concentration, plusieurs flashes envoient les traceurs par terre, mais la grosse abeille, fermement attachée à elle, entraîne Énavila au sol quand celle-ci, par un moyen qui m'échappe, parvient à la mettre temporairement hors-circuit. L'abeille est inerte sur le sol, Énavila coincée dans ses pattes :

- Bordel de bordel de bordel de bordel de BORDEL !

Les traceurs sont plus rapides à se remettre en route, et Énavila tente sans succès de s'extirper de l'emprise de la grosse abeille. Perdant le contrôle, les traceurs l'immobilisent, et pendant quelques secondes la grosse abeille, qui a maintenant décollé de

nouveau, entourée des deux traceurs, semblent avoir gagné la partie. Je souris à la vue des deux petits traceurs qui ont du mal à suivre la grosse abeille, et qui finalement s'accrochent tant bien que mal à elle. Ces bestioles sont tout de même pas si bêtes.

Tout est dirait-on perdu pour la belle, quelques minutes plus tard se dessine dans les capteurs des traceurs les alentours connus du Congrès. Cette fois-ci, plus prudents, les artificiels utilisent une sorte de gros insecte pour récupérer Énavila. Elle tente une de ses décharges au moment ou la grosse abeille livre son colis à la grosse fourmi, mais son timing n'est pas bon et elle reste coincée sous les deux artificiels. Quand les traceurs se remettent en route, c'est pour l'entendre jurer de tout ses poumons. Finalement elle sera enfermée cette fois-ci dans une pièce au sous-sol dont la fermeture n'est pas uniquement électromagnétique, comme elle s'en rendra compte après deux ou trois tentatives, infructueuses, pour ouvrir la porte.

Les deux traceurs sont toujours en sa compagnie, et les indicateurs donnent un état assez inquiétant de son niveau de fatigue, elle est épuisée. Finalement sa concentration cédera, et les images peupleront de nouveaux les détecteurs des petites abeilles. Elle finira par taper vigoureusement sur la porte, en criant de la laisser sortir, avant de se laisser, une fois de plus, glisser le dos contre celle-ci pour se retrouver assise par-terre.

Elle reste silencieuse, les yeux dans le vide, puis regarde avec tristesse les deux abeilles qui continuent à lui débiter des messages moralisateurs.

- Fermez-là, putain, fermez-là...

"Votre langage n'a rien de correct, rien d'étonnant que vous ayez des problèmes d'intégration."

- Putain je t'emmerde, ça te dirait pas de te poser dans un coin et de la fermer ? Tu pourrais faire ça pour moi ?

"Si vous me promettez de rester correcte, je peux le faire, oui."

- Bien, d'accord, je te promets de rester là sans bouger et de