page 312 le patriarche 313

beaucoup remercié et nous avons mangé avec appétit. Il a fait des gestes vers moi et j'ai compris qu'il me demandait mon nom. Je lui ai dit. Il m'a salué d'un "moyoto". Il était marrant. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans. Il n'était pas très grand, il devait faire ta taille tout au plus. Il n'avait pas de combinaison, il était habillé de bouts de tissus mal cousus les uns aux autres.

Bakorel nous a alors fait des signes pour que nous le suivions. Il était impatient, semblait-il, de nous faire visiter ce qui avait l'air d'être sa maison. Comme me l'avait expliqué Erik, cette section avait sans doute été cloisonnée comme le reste après l'éboulement dans la mine, et Bakorel devait pouvoir être tranquille en restant ici. Le tout était constitué d'une petite dizaine de salles. Il s'était aménagé dans l'une d'elle une chambre à coucher avec un amoncellement de bouts de tissus et de combinaisons déchirées. Il y avait aussi dans la pièce une sorte de machine qui, après quelques mimes avec Bakorel, semblait tout simplement être un radiateur.

Dans une salle voisine se trouvait la salle de bain, ou tout du moins le faible équivalent. Une cuvette de métal surmontée d'une sorte de robinet d'où coulait un fin filet d'eau servait de lavabo. Bakorel nous a montré l'usage en buvant une gorgée avec un bol à côté. Il semblait tenir à ce que pas une goutte ne soit perdue. L'équivalent de la baignoire était un grand bac de fortune fabriqué avec des bouts de métal rempli d'une sorte de plastique à bulle, un peu comme celui présent dans les emballages. Nous avons compris que c'était le moyen de se laver quand Bakorel a mimé d'enlever ses habits et de se frotter avec le plastique tout le corps. Ensuite il a réussi à nous expliquer que ce plastique n'était autre que le revêtement intérieur de nos combinaisons.

Nous avons passés une salle puis nous sommes arrivés dans celle qui servait de toilettes. L'odeur n'était pas terrible. Elles étaient constituées simplement d'un WC mais qui bizarrement se trouvait en hauteur. Bakorel avait créé, pour y arriver, comme un échafaudage sur lequel il montait avec une petite échelle, comme pour les lits superposés. Nous avons conclu qu'il ne devait pas y avoir d'évacuation simple et qu'il fallait profiter au maximum de la gravité.

Mais c'était en réalité un peu plus compliqué encore, et nous

nous en sommes aperçus en revenant dans la salle que nous avions évitée, entre la salle de bain et les toilettes. Bakorel nous a prévenu que l'odeur ne serait pas géniale et il nous a donné deux bouts de tissus pour que nous respirions au travers. En effet l'odeur empestait dans la salle. Bakorel nous a présenté une machine très complexe, qui expliquait entre autre pourquoi les toilettes étaient en hauteur. Leur évacuation arrivait en haut de l'appareil, et passait dans tout un tas de tuyaux et de systèmes. Bakorel nous a malheureusement fait l'honneur d'une démonstration. Il y avait un ensemble de feuilles plastiques à bulles usagées dans un coin. Il en a pris deux ou trois qu'il a introduites dans une sorte de petit four. Ensuite il a versé une sorte de liquide visqueux dans un orifice, nous a bien montré une fois de plus l'arrivée des toilettes, et pour terminer il a actionné la mise en marche de son appareil. Il s'est déplacé alors de l'autre côté de la machine, et quelques secondes plus tard il a actionné une manette pour produire un petit cube. Petit cube qui n'était autre que ce qu'il nous avait fait manger tout à l'heure, je l'ai compris quand il en a mangé un bout ! En voyant la scène je n'ai pas pu m'empêcher de vomir, écoeurée d'avoir manger une chose pareille. Mais le pire ne s'arrête pas là ! Bakorel est alors accouru et s'étant assuré que j'allais bien, il a ramassé le vomis avec une petite pelle et il est allé l'introduire dans une autre entrée de son appareil ! Sur ce rebelote j'ai vomis de nouveau ! Erik a éclaté de rire. Bakorel a fait de même quand il a dû comprendre la raison pour laquelle j'avais la nausée. Nous sommes alors rapidement sortis de la pièce, et j'ai respiré un peu mieux une fois dehors. "

Erik coupe de nouveau la parole à Naoma.

- C'est pas tout ça mais nous-aussi il faudrait peut-être qu'on trouve où on est et autre chose à manger que des fruits non ? Et où dormir ?

Naoma prenait petit à petit des habitudes de boy-scout, ou de girl-scout, je ne sais pas si ça se dit.

- Boah on peut dormir dans ces tubes non ? Tu veux retourner dans la forêt ? Ah ouais il ne pleut plus et il fait encore pas mal jour, on pourrait tenter de continuer à explorer un peu. Peut-être que l'on peut trouver des plantes ou des racines à manger ?