s'ouvre sous le poids du corps de Juan qui tombe en partie à l'extérieur.
L'air un peu moins chargé d'odeur de sang et de sueur de l'extérieur me permet de reprendre un peu le moral. Je dois alors tourner un peu dans l'autre sens pour me tirer avec le rebord extérieur des sièges. Je ne peux pas me servir de mon bras gauche, même remuer les doigts me fait souffrir. Je ne sais pas s'il est possible de s'accoutumer à la douleur, mais après un moment je n'y prends presque même plus garde. La moindre de mes cellules nerveuses doit être excitée à saturation. Je ne sais plus si je crie encore ou pas. Je ne crois pas me rappeler que je vois clair. Tout est comme dans une sorte de nuage. J'ai du sang de partout sur mon visage, sans doute aussi dans mes yeux, mélangé à de la sueur, qui me piquent et me brûlent. et trouble ma vision. Je dois finalement m'extirper à moitié. Ma volonté faiblit et je fais une pause pour calmer un peu la douleur, ou les douleurs, ne sachant plus si mon épaule est le seul endroit où j'aie mal. J'essaie d'inspirer encore un peu d'air extérieur, et de faire abstraction de l'odeur de chair qui empeste.
Des pas. Une personne semble s'approcher. La portière s'ouvre en grand. Deux jambes se dessinent devant moi. Je n'arrive pas à lever plus la tête pour voir qui est là. Je déplace un peu mes bras, les tends vers cette personne, et supplie à l'aide. Je crois que je parle en français, je ne suis pas sûr que je me rappelle à ce moment-là que je suis au Mexique. Soudain je sens une main m'attraper par le col de la chemise. Puis s'ensuit comme un déchirement interne, cette personne me tire avec une force inouïe hors de la voiture. Je sens le corps de Jamon glisser sur moi, puis tomber. Je suis traîné par terre à l'extérieur. J'essaie d'amortir avec mon bras droit, mais mon gauche traîne aussi au sol, ce qui me vaut de fortes douleurs dans mon épaule. C'est affreux, je ne pensais pas qu'on puisse avoir si mal, je suis à deux doigts de perdre conscience.
Je sens un pied se glisser sous mon ventre, puis me pousser et me retourner au sol. Il me fait pivoter autour de mon épaule gauche. Je suis à la limite de l'évanouissement, je hurle de douleur. Je ne comprends pas. Qui est cette personne ? Pourquoi ne me tue-t-elle pas si c'est pour me faire souffrir ainsi ? Sur le dos, j'entr'ouvre les yeux et je distingue un homme. Très grand, chauve ou avec les cheveux coupés très courts, ou blonds peut-être, je ne suis
pas capable de faire la différence. Il porte des jeans bleus et un pull ou une chemise rouge. Pour l'instant il me regarde fixement. Quelques secondes passent. Peut-être ne voulait-il que m'aider, me tirer de la voiture, et qu'il n'avait pas d'autre moyen ?
Je reviens vite sur cet avis, et les quelques secondes de répit ne dureront pas. Il se baisse et m'attrape par le bras et la jambe gauche, me soulève du sol alors que je m'égosille sous la douleur, et me lance telle une vulgaire feuille contre le mur sur le bord de la route. Mur d'une maison en ruine, certainement, à moitié détruit, dont certaines pierres dépassent ou sont amassées en tas au bord de la chaussée. Je suis projeté sur le dos puis retombe en avant vers le sol. Sol que je n'ai pas le temps d'atteindre tout de suite car son poing vient tâter mon estomac avec un coup tellement puissant qu'il me fait planer quelques secondes supplémentaires avant que finalement et aussi sûrement que la gravité existe, je ne m'écrase par terre. Elle gagne toujours à la fin... Je tente tant bien que mal en tombant de rouler un peu sur moi-même pour limiter le choc. Sans grand succès mais je parviens tout de même à épargner mon bras et mon épaule gauches.
Je ne sais pas s'il est naturel de retrouver des forces quand la situation devient critique, ou si la forte sécrétion d'adrénaline n'en fait que donner l'impression, mais je parviens à me relever sur mes jambes. J'ai tout juste le temps de serrer les bras contre mon torse quand il m'assène un coup de genou en s'appuyant avec ses bras sur mon dos. Pris en sandwich, je décolle de plusieurs centimètres du sol avant d'y retourner goûter le sable. Cette fois-ci je fais office de ballon de football, et il me décoche un puissant coup de pied qui me fait carrément voler sur un mètre. Je roule et viens taper dans la portière de la voiture toujours ouverte et bloquée par le corps de Juan.
J'ai mal, tellement mal. Je sens tout doucement la rage monter en moi. L'envie de lui détruire la tête, de ne pas me laisser faire, de lui tenir tête et lui faire regretter ce qu'il fait. Et quand il se baisse de nouveau pour m'attraper, cette fois-ci je ne suis pas passif, je m'accroche à sa chemise, et je m'y tire de toutes mes forces pour lui donner un coup de tête dans le nez. Il est surpris et lâche prise. Alors qu'il recule de quelques pas j'en profite pour me