page 254 le patriarche 255











Jour 130

J'arrive enfin à me servir de ce maudit bracelet.

Du temps a passé, combien, je ne suis sûr de rien, j'ai compté cent vingt-cinq jours, mais ce peut être plus. Voilà donc maintenant longtemps que nous sommes ici, plusieurs semaines, plusieurs mois, incapable de savoir si je suis si loin de la vérité.

Mais gardons nos vieilles habitudes, soumettons nous au temps, et contentons-nous d'ordonner nos souvenirs.

Jour 131

J'ai perdu une grande partie de ce que j'avais "écrit" hier, fausse manipulation ; je ne suis pas encore très au point avec ces bracelets. Quoi qu'il en soit voilà la suite de l'histoire, après notre départ de chez Martin, à Melbourne, si loin d'ici...

Nous sommes donc chez Martin, dans son attente. Erik sommeille profondément, se remettant de ses blessures. Quant à moi je termine l'écriture de mes aventures et discute avec Naoma, résistant à ses indécentes propositions d'aller faire un somme, même si la fatigue a repris le dessus sur mes interrogations et que l'envie ne m'en manque pas. Du bruit parvient d'en bas, nous pensons que Martin revient avec, nous l'espérons, de quoi au moins bander correctement les blessures d'Erik, et les miennes tant que nous y sommes.

Ce n'était pas lui. Quelques secondes plus tard, alors que j'ai à peine eu le temps de me lever de ma chaise, six hommes entrent subitement dans la pièce. Six hommes, immenses, de vraies armoires à glace, armés de nombreux couteaux et sabres. Six hommes habillés de façon très étrange, type touristes allemands égarés, le tout saupoudré

de ponchos, sans doute pour cacher leurs armes blanches. Chacun porte soit un couteau soit une épée. Six hommes aux visages presque identique, comme des clones. Nous comprenons à leurs mines que ce ne sont pas de grands enfants nostalgiques de Halloween. Ils nous font signe de les suivre. Ils ne disent pas un mot. Naoma est pétrifiée.

- Qui sont ces gens... Mon Dieu... Ylraw... Tu les connais ?

Nous nous sommes levés, Naoma s'est blottie derrière moi.

- Je n'en ai aucune idée, jamais vu des Conan le barbare pareils.

Vu mon état il m'est difficile de tenter une quelconque rébellion, d'autant que Naoma ou Erik pourraient en souffrir si ces hommes la réprimaient avec leurs épées. Deux hommes nous tirent violemment par le bras Naoma et moi, alors que deux autres réveillent Erik et lui retirent sans mesure le boîtier que j'avais installé pour tenter de limiter les émissions électromagnétiques de l'émetteur que je pensais présent dans son mollet. Ce réveil brutal ne manque pas de le faire sursauter et surtout crier de douleur. Il est bien sûr complètement déboussolé. Les hommes nous incitent à enfiler nos chaussures, ils jettent à Erik un tee-shirt et ses jeans. Deux m'agrippent et m'emmènent déjà, ils tirent sans ménagement sur mes blessures, je ne peux retenir des cris de douleur.. Erik ne comprend pas ce qui lui arrive :

- Mais qu'est-ce que... Qui sont ces gens, François ?!

Je suis déjà dans la pièce voisine entraîné, écartelé presque, par ces hommes quand je lui répond en criant :

- Je ne sais pas Erik ! Nous n'avons rien vu venir ! Je suis désolé !

Désolé de vous attirer avec moi dans ces histoires. Désolé de ne pas avoir eu le courage et la force de rester seul... J'ai du mal à marcher, mais Erik d'autant plus et je ne mérite pas de me plaindre. Je me rapproche de lui pour l'aider à descendre les escaliers. Sa blessure à la jambe saigne, tout comme ma blessure au bras. Les hommes nous font rapidement sortir de la maison. Nous arrivons péniblement