page 308 le patriarche 309

le coin de la rue, le jour où je t'avais couru après.

Je me relève plus vite qu'elle et je la pousse sans ménagement contre une paroi. Elle est bloquée à genou, je la tiens en étranglement, appuyant de tout mon poids sur elle, ma tête, repliée, poussant contre son dos, de façon à ce qu'elle ne puisse pas l'atteindre.

- Tu fatigues, tu ferais bien de te reposer un peu, plutôt que de t'exciter comme ça.

Elle a du mal à respirer, je ne voudrais pas l'étrangler complètement non plus, je relâche un peu ma prise. Elle souffle difficilement.

- Je te hais ! Pourquoi tu me fais ça, pourquoi tu m'amènes ici !

- Je ne t'ai pas amené ici, Énavila !

- Tu veux juste t'assurer que je vais bien crever ici, c'est ça ?

- Je ne veux pas que tu meures, Énavila.

- Alors pourquoi tu es tombé dans les pommes pendant l'attaque des bêtes, pourquoi tu les as fait venir ?

- Je ne les ai pas du tout fait venir ! Comment aurai-je fait une chose pareille ! Mais pour qui me prends-tu, un Dieu ?

- Pourquoi...

- Pourquoi quoi ? Je suis prêt à répondre à toutes tes questions.

- Tu n'es pas sincère...

Sa voix devient plus faible, j'ai peur de trop la serrer, je me retire d'un coup.

- Oh et puis merde !

Elle se relève d'un coup et me saute dessus, je la laisse presque faire, parant juste un peu ses coups.

- Allez, frappe-moi, acharne-toi, ça va vachement t'avancer ! De toute façon tu n'es pas logique ! Tu me sauves de ces bestioles et maintenant tu voudrais me tuer ! La vérité c'est que t'es paumée, autant que moi, tu comprends pas ce qu'il t'arrive et t'as tellement les boules de te...

- Ta gueule !

Je ne pare pas un puissant coup de poing qui me rend presque KO, elle a toujours autant d'énergie !

- La vérité c'est que tu as tellement peur de te tromper que tu ne préfères faire aucun choix ! Bordel, QU'EST-CE QUE JE T'AI FAIT !

- T'es un salaud, un salaud...

- Dis moi UNE SEULE CHOSE de mal que je t'ai faite, allez, vas-y ! Dis moi une seule chose de mal que je t'ai faite qui n'était pas en réponse d'une de tes attaques !

Elle est devenue beaucoup moins agressive depuis que je suis passif, tentant simplement d'éviter ses coups. Elle reste silencieuse.

- Et si c'était lui, qui te trompait, hein ? Si c'était lui ? Après tout c'est lui qui t'as envoyé ici, c'est pas moi, c'est lui !

- Tu mens ! Tu mens ! Tu me bouffes ! Tu me ronges ! C'est affreux, c'est affreux... J'ai tellement mal...

Elle s'arrête finalement de tourner et se laisse glisser contre la paroi, elle est à bout.

Elle m'a bien frappé la garce, elle m'a fait mal !

Si seulement elle m'en disait un peu plus ! Si seulement elle m'expliquait pourquoi elle m'en voulait réellement, peut-être qu'on pourrait réfléchir ensemble... Elle est de nouveau calme, affalé dans son coin. Remarque, ça fait passer le temps... Je devrais peut-être continuer à la provoquer, peut-être qu'elle finirait par dire ce qu'elle sait.

De multiples heures passent, Énavila s'est assoupie, j'ai aussi