filtre de l'eau, je bois directement l'eau ruisselante, elle n'est pas si mauvaise, en tout cas pas pire que les immondices que j'ai mangés ces derniers jours.
Jour 407
Plus qu'un jour avant le lever du soleil, normalement nous devrions avoir de quoi manger dans deux jours maximum. C'est long, je meurs de faim. J'ai encore perdu un kilo. Énavila n'a pas dit un mot, j'ai parlé un peu avec Sarah, elle va assez bien, elle était un peu plus éloignée du cachot d'Énavila, elle a moins eu à subir les insectes, enfin un tout petit peu moins, ces saloperies s'infiltrent de partout. J'en tue encore plusieurs dizaines par jour. Je commence à avoir vraiment froid, je demanderai bien à Sarah de me prêter un peu sa combinaison, parce que je suis vraiment mal en point, j'ai l'impression que je suis en train de tomber malade.
Jour 408
Il doit faire jour maintenant, mince ! Pourquoi n'avons-nous toujours pas à manger ! Sarah crie à plusieurs reprise "manger" à la grille, mais personne ne répond. À chaque fois je frissonne de voir revenir les gardes avec des seaux d'insectes. Je crie après Sarah de risquer de les provoquer, je crie après Énavila de l'avoir déjà fait, Énavila nous crie maintenant en permanence dessus d'être revenue ici, de ne pas être restée dehors pour la délivrer, Sarah refuse de me prêter sa combinaison ne serait-ce que quelques heures, ça me met hors de moi, je me retiens d'hurler à cette chienne que je suis quand même aller la chercher pendant des jours, que j'ai bien failli me faire bouffer par des grillés géants et par des singes à la con pour elle.
Elle s'en fout ! Elle s'en fout royalement ! J'aurais mieux fait de la laisser crever, j'aurais mieux fait de rester avec Énavila ! Ou tout seul, j'aurais mieux fait de me barrer après qu'Énavila se soit fait prendre, je serais peinard maintenant ! Quel con !
Jour 409
À manger ! Enfin ! Je me jette sur la nourriture, mais quelques bouchées suffisent à me donner mal au ventre. Mon estomac s'est sans doute bien rétrécie. Je fais une pause, bois un peu et je me charge alors de récupérer toute la nourriture lancée, un plein saut, toujours
cette bouillie accompagnant des restes de viande. Je suis moins difficile que la première fois, et je mange avec appétit les tripes et la moelle des os.
Une fois repus, je prends enfin le temps de réfléchir un peu.
"Ils ne nous donnent bien à manger qu'une fois pour leur journée, tous les neuf jours, ça va être dur."
"Il faut absolument que nous partions la prochaine nuit, tente de nous convaincre Énavila, nous ne tiendrons jamais ici."
"On peut difficilement faire quoi que ce soit tant que tu ne seras pas correctement rétablie, lui fait remarquer Sarah."
"Je suis quasiment rétabli, ça fait quand même plus d'un petit que c'est arrivé ! Je n'ai pratiquement plus mal !"
"Il faut souvent trois petits pour une bonne solidification des os, et cela dans les meilleurs conditions, ce n'est pas le cas ici. La douleur diminue quand l'os commence à se resolidifier, pas quand tu es guérie. Si tu veux retrouver des os solide, il faut que tu te tienne tranquille encore au moins deux petits."
"Deux petits ! T'es barge, je serais morte de folie d'ici là ! Et puis la combi fait office de maintient, je n'ai pas de tension sur mes membres touchés, on peut considérer qu'ils se réparent dans de bonnes conditions."
"Ton bracelet te dit que c'est OK ? lui demande Sarah d'un ton ironique."
"Non OK il dit que ce n'est pas encore bon, mais merde, on va pas rester ici encore deux petits, on sera mort de faim d'ici là, on aura plus de force, on n'aura même pas la volonté de tenter de s'évader ! C'est maintenant ou jamais."
"Pas maintenant, là la prochaine nuit, fais-je remarquer à Énavila."
"Oui à la prochaine nuit, c'est bon, me prends pas pour une conne."