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fois qu'un curieux se garait devant la grille.

Le Monsieur en question n'arriva que vers 12 heures 45. Il avait vingt-huit ans mais faisait plus jeune que son âge par son physique, et plus vieux par ses manières, mais aucun des trois policiers n'avaient vraiment idée des manières du monde dans lequel vivait Mathieu Tournalet. Il avait un très classique costume trois pièces, même sa cravate n'avait aucune originalité. Le majordome lui retira sa veste et prit sa casquette. Stéphane regarda avec intérêt où ce dernier les rangea.

- Bonjour, désolé de vous avoir laissé patienter, mais j'avoue que sans mention préalable de votre passage, je n'ai pu que difficilement vous accueillir dignement.

Les trois policiers se levèrent pour une poignée de main, qu'il avait ferme et vigoureuse. Il les invita ensuite à le suivre dans une pièce plus petite, sans doute son bureau. Il referma les portes derrière lui et, une fois ceux-ci assis sur trois confortables fauteuils, sans doute moins chers que ceux de la pièce précédente, il s'installa lui-même derrière le grand bureau en bois précieux avant de demander :

- Alors, que me vaut l'honneur de la visite de trois policiers ? Voilà bien longtemps pourtant que je n'ai la joie d'en croiser quelques uns que lors du Noël annuel des orphelins de policiers de Chartres, que je parraine.

Jean-Luc détesta cet homme car pour lui le simple fait qu'il soit riche le rendait coupable, Stéphane car il le trouva prétentieux à se croire au-dessus des lois et des hommes, et Thomas par le simple fait qu'il existât. Stéphane posa la première question, un peu gêné :

- Avant toute chose, je vous prie de m'excuser, mais pourriez-vous m'indiquer les toilettes ?

- Bien évidemment.

Il sonna le majordome qui conduisit Stéphane aux toilettes. Ils attendirent en silence son retour. Stéphane arriva en cinq minutes et s'excusa encore, il s'assit et posa la première question :

- Nous aimerions savoir votre emploi du temps du mois d'août.

Mathieu Tournalet s'exclama :

- Rien que cela ! J'ai un emploi du temps assez chargé d'une manière générale, ne pourriez-vous pas être plus précis ?

- Où étiez-vous entre le 8 août et le 19 août ?

Mathieu Tournalet regarda Stéphane un instant, sans rien dire, signifiant qu'il avait compris que Stéphane connaissait la réponse, ou le pensait en tout cas. Il répondit enfin :

- J'avais pris quelques jours de vacances, mais pourquoi donc ? Je ne sais toujours pas la raison de votre venue.

Stéphane ignora sa dernière remarque :

- À quel endroit ?

- En règle générale je préfère garder confidentiel mes lieux de séjour.

- Connaissez-vous cette personne ?

Jean-Luc se leva et déposa une photo de Seth sur le bureau. Mathieu Tournalet la regarda longuement.

- Non, pas du tout, pas que je me souvienne en tous les cas. Mais elle est très belle.

Dit-il en repoussant la photo vers les trois policiers, en relevant les sourcils pour paraître désolé de ne pouvoir leur venir en aide. Les trois hommes ne réagirent pas, Mathieu Tournalet poursuivit :

- Qui est cette jeune fille, elle a disparu ?

Stéphane lui précisa :

- Elle a été assassinée, et vous êtes le suspect numéro un.

Mathieu Tournalet se recula dans son fauteuil et prit un air