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comprendre vraiment les gens tant que l'on ne les a pas vu enfant, tant qu'on ne les a pas élever, vu grandir, vu dans la plus simple expression de leur envie et de leur caprice. Bien souvent désormais il savait différencier une véritable requête de ses collègues d'un de leur caprice. Il s'étonnait de s'amuser à chercher qu'est-ce qui, enfant, avait pu les traumatiser à ce point pour qu'il ait telle ou telle réaction.

Sarah s'allongea contre son papa, quand il s'assit sur le grand canapé de la salle principale. Elle aimait son odeur, elle aimait se coller à lui. Elle lui raconta en détail, comme chaque fois qu'elle le voyait, tout ce qu'elle avait fait. Elle lui expliqua qu'elle avait appris avec ses animaux le nom de toutes les planètes du système d'Ève, d'Adama et de deux des systèmes des planètes du commerce. Elle lui récita par coeur toute la liste, mais aussi, pour la plupart, une idée de leur diamètre et de leur distance à leur étoile. Elle répondit à presque toutes les questions de son papa sur la différence entre les planètes, celle qui étaient habitées et celles qui ne l'étaient pas, et lui promit de chercher la différence entre une planètes gazeuse et une planète tellurique, ainsi que les date de colonisation de toutes ces planètes habitées.

Il n'était pas très tard, Teegoosh avait annulé, comme il le faisait de temps en temps, une réunion en fin d'après-midi pour passer plus de temps avec sa fille. Il aimait bien cet appartement, en hauteur. Il comprenait difficilement que les gens d'Adama continue à se terrer si profondément sous terre. Il savait qu'il était privilégié d'être ici, mais il savait aussi que pratiquement tous les avis de sa province étaient favorable à ce qu'il occupât cet endroit. Il n'avait d'ailleurs pas du tout de remords à le faire. Il restait persuadé que, dans une certaine mesure, le confort matériel apportait une certaine sérénité et une certaine forme de confiance en soi, dans la mesure où c'était la volonté des gens qu'il y accédât. Il n'avait d'ailleurs toujours par réellement résolu ce dilemme en lui, la relation entre l'ambition et le travail. Le travail obligatoire apportait une première solution au désintéressement des populations à la communauté, mais il restait néanmoins des personnes qui, par leur travail, ne faisaient que nourrir leur ambition et détourner un peu trop les avis en leur faveur.