souffrir.
Par deux fois nous seront obligés de nous tapir dans la forêt, pour laisser passer un bateau sur le fleuve, mais ceux-ci ne nous chercher vraisemblablement pas, ils étaient plutôt destinés au transport de marchandise, l'un remontait vers le village, l'autre en venait. Sans doute y a-t-il plus en aval sur le fleuve d'autres villages avec lesquels ils commercent. Nous serions tenté de faire un radeau, pour pouvoir nous laisser aller au gré du fleuve, mais nous avons un peu peur de nous faire repérer trop facilement ainsi. Je serai pourtant mille fois favorable à cette option, tant ma jambe est douloureuse.
La construction d'un radeau nous prendrait toutefois pas loin d'une journée, et si les cachots du village nous étaient devenus insoutenable, face au danger des grillés et du jour qui approche, les choses sont plus relatives, il nous faut trouver une cachette efficace dans les trois jours qui viennent.
Jour 414
Après six bonnes nouvelles heures de marche, nous prenons le temps de nous éloigné suffisamment du fleuve et prenons le risque de faire un feu, quitte à signaler notre présence aux bateaux qui passent. Mais nous sommes trop désireux de manger enfin un peu de viande chaude pour ne pas courir ce danger. Le repas chaud et le sommeil sous la chaleur des flammes me font le plus grand bien. Je dors encore bien plus que Sarah et Énavila, et elles me réveillent deux heures après s'être elles-mêmes levées. Je suis gâté et j'ai droit à un petit déjeuner tout préparer.
- C'est cool, je devrais me faire tirer des flêches plus souvent.
- Ne t'y habitue pas trop, dit ironiquement Sarah.
C'est pratiquement la première fois qu'elle nous adresse la parole depuis l'épisode de la combi. Énavila se retient de l'envoyer balader ; je voulais demander à Énavila si elle désirait reprendre la combinaison, mais je préfère attendre un peu avant de revenir sur ce sujet.
- Bah, je sais que ça ne durera pas...
- Comment va ta blessure ? me demande Énavila.
- Mieux, c'est peut-être parce que j'ai dormi, mais j'ai beaucoup moins mal.
- Tu devrais y jeter un oeil, me conseille Énavila, tant que nous sommes là et que nous avons du feu, on pourra la redésinfecter s'il le faut.
Je retire ma combinaison et je laisse Énavila regarder ma jambe, je n'arrive pas à me contorsionner suffisamment pour bien voir.
- Non c'est bon, il n'y a pas l'air d'y avoir de pue, la cicatrisation à commencer, encore quelques jours et ce sera sans danger.
- Tu veux que je te refile la combi, maintenant je ne dois plus en avoir besoin.
- Non garde là encore quelques jours, mon bras et ma jambe sont presque guéris.
- Tu n'a pas mal ?
- Si, marchait est très douloureux, mais ce ne doit pas être pire que toi, et puis je m'aide de la barre.
Énavila utilise les deux barres pour se faire une canne et une sorte d'atèle au mollet, de façon à ne pas trop s'appuyer sur sa jambe casser. Elle boîte quand même pas mal.
Sarah ne dit rien, Énavila lui lance un regard noir de remontrance, c'est vrai qu'elle pourrait au moins nous expliquer pourquoi elle ne veut pas nous donner sa combinaison.
Nous levons le camp une heure plus tard, et nous nous redirigeons vers le fleuve, en faisant attention à la lisière de la forêt de vérifier qu'il n'y a aucun bateau en approche. Nous marchons silencieusement pendant presque huit heures. Ma jambe me fait moins mal, mais j'avance encore doucement, sans toutefois trop pénaliser le groupe car Énavila n'avance pas beaucoup plus vite avec sa jambe cassé. Je ne pense pas que nous marchons à plus de trois kilomètres par heures, toutefois nous sommes sans doute désormais à plus de