abandonnées, à moins qu'un feu nucléaire ait ravagé la terre, et que l'hiver lui succédant à glacer le monde, des particules de poussières masquant depuis des mois ou des années la lumière du Soleil...
Ah quelle plaie de ne se rappeler de rien ! J'en viens même à jurer tout haut, frustré de ne rien comprendre. Qu'est-ce qu'il s'est passé, bon sang !
Je m'appuie contre une paroi un instant, me prenant la tête entre les mains comme pour tenter d'en sortir quelque chose, mais je ne me souviens de rien, pas plus de mon nom que de mon passé...
Quoi qu'il en soit il me faut sortir d'ici, je ne sais pas ce qu'il peut y avoir dehors, mais si je dois mourir autant tenter de comprendre un peu plus. Je quitte la pièce ou je suis, et avance encore un peu, je trouve une nouvelle pièce, en fait le tour rapidement jusqu'à me blesser au pied en tapant dans un objet tranchant. Je retiens un cri de douleur et un juron.
Je me concentre quelques minutes pour surmonter la douleur, puis j'étudie avec plus d'attention ma découverte. De prime abord je trouve une sorte de tas de couverture. J'en récupère déjà deux que je me passe sur le dos avant de cherche plus en avant. Je reste tremblotant cinq bonnes minutes puis je continue mon dépilement à l'aveuglette. En dessous les couvertures se trouve des habits, des chemises. J'en enfile deux. Je trouve aussi des shorts, et finalement une paire de jeans et quelques caleçons. J'enfile ce que je trouve le plus à ma taille. Les jeans sont presque à ma taille. Je trouve aussi des tee-shirts. J'évite de sélectionné un qui m'a l'air déchiré et couvert d'un liquide séché, peut-être du sang, encore. Finalement je trouve de quoi m'habiller de la tête au pied. Je complète le tout en dénichant après deux trois essais pour écarter des sandales bien trop grandes une paire de chaussures à ma taille.
Je prends quelques minutes pour me réchauffer sous mon nouvel accoutrement, qui se compose d'un caleçon, une paire de jeans, des chaussures, je n'ai pas trouvé de chaussettes, un tee-shirt immense, trois chemises, et deux des couvertures initiales. Je trouve dans les poches de mon jeans un portefeuille, un carnet, deux mouchoirs, des clés et des pièces de monnaies. Avant de retourner dans la pièce
principale et tenter d'observer mes trouvailles sous la faible luminosité, je repasse en revue l'ensemble de la pile, trouve un autre petit carnet et quelques babioles. Finalement sous la pile je découvre le responsable de ma blessure initiale, un tas d'épée et de long couteau. Je prends une des épées et une dague et je retourne, dorénavant un peu plus équipé, dans la pièce principale.
Je dépose mon butin sur la table. Les pièces de monnaie sont des dollars australien. Serai-je en Australie ? Cette première supposition est confirmée par les diverses adresses inscrites sur le carnet que je trouve dans la poche arrière des jeans. Le portefeuille quant à lui ne contient aucun papier d'identité, je ne saurai donc pas si ces affaires m'ont appartenu ou non. J'y trouve quelques cartes de visites. La plupart des adresses se trouvent à Melbourne, laissant supposer que c'est la ville ou je me trouve. Cette ville est en Australie. Je sais où se trouve l'Australie, mais je ne sais pas où se trouve mon pays. Mais je sais que ce n'est pas l'Australie.
Les deux autres petits bouts de papiers griffonnés ne m'apprennent rien de plus, simplement deux numéros de téléphone. Je sais ce qu'est un téléphone. Je sais que petit j'ai démonté des téléphones. Mon père travaillait dans un endroit rempli de téléphones...
J'ai toujours froid malgré les cinq ou six couches de vêtements, et désormais armé j'ai beaucoup moins de ressentiments à me lancer à l'aventure. Ne pouvant rien déduire d'autre de mon carnet, je rempoche tous mes indices et ressort, la dague dans une main et l'épée dans l'autre. Ne sachant si partir à gauche ou à droite, je me décide pour la droite, c'est dans cette direction que j'avais trouvé les habits, c'est peut-être par là que se trouve la sortie, dans l'espoir qu'il y en ait encore bien une.
J'avance lentement, l'épée pointée en avant, la dague frôlant la paroi. Le noir est complet, le froid toujours aussi présent. Je tente de m'énumérer ce que je sais, et ce que je ne sais pas. Je ne connais pas mon nom, mon âge... je ne sais même pas vraiment à quoi je ressemble. J'ai l'image d'une femme, ma mère, peut-être, ou ma femme. Elle est très belle. Je perçois une colère en moi, une tension, une envie de vengeance, mais je ne sais pas de quoi ou de qui.