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"Ça on en sait rien, mais quoi qu'il en soit c'est plutôt positif."

"Mouais, enfin, on verra, en attendant j'ai pas envie de moisir ici."

"Ça ne sera pas facile pour moi de venir te chercher dans ces conditions, il faudra attendre un peu."

"Je m'en doute, mais ne t'étonne pas si je pète un cable."

Je vois en effet difficilement comment je peux entrer dans ce truc, péter la gueule à tous ces pigeons, comme elles les appelle, descendre dans les cachots et ressortir tranquille.

Plusieurs heures s'écoulent, je dors un peu, mais, plus du tout fatigué, je tente d'occuper mon temps de manière constructive en observant de manière détaillée la forteresse. Mais que ce soit vers le port ou vers la route, le mur d'enceinte ne m'offre guère de renseignements. La façon la plus simple de rentrer serait de passer sous l'eau, mais la distance à parcourir en apnée est bien trop grande, et même en bloquant ma respiration avec le bracelet, je ne suis pas sûr que j'arriverai de l'autre côté. D'autant qu'ils doivent surveiller attentivement leur port, si c'est un point d'entrée. Et puis dans les images d'Énavila, on devine un mur de protection tout autour du port, moins haut qu'autour du village, mais sans doute suffisant pour prévenir un passage non autorisé.

Énavila s'est de nouveau endormie. Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire. Et si ils l'a laissent définitivement enfermée ? S'ils ne lui donnent pas à manger ? Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de la laisser aller là-bas toute seule. Si Sarah a vraiment disparu et si Énavila se retrouve définitivement coincé dans ce cachot, me voilà tout seul, ce n'est pas très gai...

Ne sachant trop que faire, je décide finalement de suivre un peu la trajectoire de la route, peut-être rejoint-elle une autre ville, ou du moins trouverai-je des indices.

Que nenni, je suis la route pendant facile trois ou quatre kilomètres, en me tenant, à la lisière de la forêt, à bonne distance, mais celle-ci semble continuer pendant encore de nombreux

kilomètres. C'est peut-être le seul moyen de se déplacer de ville en ville sans craindre de se faire attaquer par les grillés. Je pourrai tenter de monter sur cette route, mais il y a du passage, j'aperçois de temps en temps des petits groupes passés. La plupart sont à pieds, c'est bien que la prochaine ville ne doit pas être trop loin.

Je m'apprête à faire demi-tour quand j'ai un sym d'Énavila :

"Continue, me dit-elle, je suis de toute façon bloquée ici, va chercher Sarah, profite de la nuit, je peux bien tenir quelques jours ici.

"Tu es sûr, et s'ils ne te filent rien à manger ?"

"Qu'est-ce que tu y pourras ? Si tu trouves Sarah, vous serez plus à même de m'aider tous les deux. Grouille-toi, la nuit a déjà bien commencé."

Elle a raison c'est sans doute le plus sage. Je décide alors de monter sur la colline qui surplombe la barre rocheuse dans laquelle se trouve la brèche du lac, en espérant avoir de la-haut un signal de Sarah.

Il ne fait pas encore tout à fait nuit, les lueurs du couchant sont encore à l'horizon, après trois heures de marche, je surplombe le village, il a vraiment été construit à l'intérieur même d'un gros bloc de pierre, ils ont dû y passer des dizaines d'années pour creuser un truc pareil. De nombreuses torches éclairent l'intérieur de l'enceinte, remplie de petites maisons entassées les unes à côté des autres. Un grande agitation se distingue, il y a vraiment beaucoup de ces hommes-oiseaux qui vont et viennent. Sur le lac une dizaine de bateaux de pêche doivent assurer le ravitaillement du village, et peut-être même d'autres villes en retrait. Je ne distingue pas le bout de la route fortifiée, elle semble contourner en partie la colline que je gravis, tout en se dirigeant un peu plus vers ce que j'estime être l'est, là où se lève le soleil du moins.

Trois heures de marche rapide me sont nécessaires pour parvenir au sommet de la colline, et une demi-heure de plus pour trouver un endroit d'où avoir un point de vue intéressant, en haut d'un arbre