pointée vers moi. Cependant il n'a pas l'air si sûr de lui. Je continue à le tenir en joue, espérant que le doute subsiste et qu'il ne fasse rien. Je recule doucement, et je me baisse en pointant toujours une arme vers lui. Je récupère ma pierre et la place dans la paume de ma main tout en tenant le pistolet. Je conçois que la situation ne s'y prête pas, mais, dans de tels moments de tension, elle m'apporte toujours le courage nécessaire. De plus, je ne me suis pas embêté à toujours la récupérer jusqu'à présent pour la laisser tomber désormais. Je me dirige ensuite doucement vers l'extérieur, il fait presque nuit. Il se recule. Il y a une voiture garée juste à l'arrière du fourgon ; nous sommes sur un petit chemin de terre au milieu de petites collines vaguement boisées, il y a un petit bois à ma gauche. Ils sont trois à l'extérieur. Les deux que j'identifie comme membres de l'organisation sont armés. Le troisième doit être le chauffeur du fourgon, il se tient à l'écart. Je pointe une arme sur les deux hommes armés, et ils me visent réciproquement. Celui qui a déjà parlé tout à l'heure se répète :
- Je vous le redis, vos armes ne fonctionnent pas, posez-les et rendez-vous, vous êtes cuit de toute façon.
Je ne réponds pas, laisser exprimer le moindre doute serait fatal. Je ne sais pas comment m'en sortir et je profite de leur embarras pour réfléchir à une solution. Ma seule chance serait sûrement de partir en courant dans le bois, mais d'une part ma cheville risque de ne pas tenir, mais c'est un risque à prendre, et d'autre part ils n'auront pas de mal à me viser de là où ils se trouvent. Je pourrais partir rapidement en passant derrière le fourgon, il leur faudrait alors quelques secondes pour m'avoir en visée. De plus la nuit étant presque tombée, ils auront plus de mal dès que je me serai un peu éloigné. Je me recule un peu. Quelques secondes passent...
Tout se passe alors très vite. J'appuie sur les gâchettes de mes deux pistolets en me jetant derrière le fourgon. Et dans le même temps je crie du plus fort que je peux un "PAN" pour les effrayer. Ils sursautent, l'un d'eux replie ses bras et se recroqueville pour se protéger, l'autre se recule et tire mais touche la porte du fourgon. Mes pistolets n'ont pas fonctionné comme il l'avait prévu ; je les jette au sol. Après m'être lancé sur le côté je suis déséquilibré mais ne tombe pas et en m'appuyant sur le fourgon je ne
perds que quelques dixièmes de seconde avant de partir en courant du plus vite que je peux vers la forêt. Ils me poursuivent mais souffrent de quelques dizaines de mètres de retard. Ils tirent et j'entends les balles percuter le sol autour de moi. Je m'engouffre sous les arbres et tente de me protéger grâce à ceux-ci en me faufilant pour en laisser toujours placés entre moi et mes poursuivants. Je suis désolé pour eux et leur promets de leur rendre la pareille si je m'en sors. Les deux ne doivent pas avoir beaucoup de balles, car ils tirent assez peu. Et pour ma veine ils n'ont pas l'air de très bons tireurs. J'ai toutefois une sueur froide à un moment quand une balle percute l'arbre se trouvant à quelques centimètres de moi. Il est des plus périlleux de courir avec mes pseudo-sandales aux pieds. Je tente d'accélérer, ma cheville est toujours douloureuse mais dans l'urgence de la situation je suis bien près à la perdre si je peux y gagner la vie.
Le temps passe toujours très lentement dans ces moments-là, mais plusieurs dizaines de secondes doivent s'écouler. Ma chance tourne. Une balle m'effleure la jambe droite. La douleur me fait trébucher et je tombe au sol sur mon épaule blessée, je crie de douleur. Je tente de me relever mais une nouvelle balle m'atteint à la jambe droite. Elle me fait rouler au sol, et j'ai tout juste le temps de les voir se ruer sur moi avec leur armes pointées. Je me crois perdu.
Mais les vents sont décidément violents et la chance tourne souvent. Subitement les deux hommes s'écroulent au sol, comme morts. Je ne saisis pas et regarde rapidement autour de moi qui a bien pu faire une chose pareille. Nous étions dans une petite pente et derrière, un peu plus haut, je crois distinguer la silhouette de la fille qui m'a déjà sorti d'affaire deux fois. Elle me salue de la main, elle se trouve à une cinquantaine de mètres environ. Je l'interpelle mais elle s'éloigne. Je me relève difficilement et vérifie mes blessures à la jambe avant de me lancer à sa poursuite. Elles sont douloureuses, mais la balle qui m'a effleuré n'a laissé qu'une brûlure, tandis que l'autre a traversé la jambe sur le côté, touchant principalement le muscle sur deux ou trois centimètres. La plaie ne saigne pas beaucoup, tout du moins pas suffisamment pour me passer l'envie de partir à ses trousses en boitant de façon à avoir une explication à tout ce fichu fouttoir.