page 432 le patriarche 433

- Oui ?

- Merci.

Je lui souris, ne sais pas quoi répondre et redescends au sol pour récupérer le seau. Après un nouvel aller-retour où je fais une provision de bestioles mortes, nous profitons enfin d'un véritable festin. Nous convenons qu'après une petite sieste, nous partirons vers la rivière.

- J'ai du mal à croire que nous soyons encore en vie, quand je courrai ce matin dans la forêt, je n'aurais pas donné cher de ma peau, lui dis-je en terminant mon troisième lézard, repu.

- Je te sentais mal aussi, c'était moins une que je te laisse, à plusieurs reprises quand les grillés t'ont sauté dessus, j'ai eu une hésitation.

- Merci de ne pas m'avoir laissé tombé, pour être franc, quand les eaux nous ont recouverte et que je n'arrivai pas à remonter à la surface à cause de ton poids, j'ai aussi hésité.

- C'est normal, j'étais crevé, j'étais loin d'être sûre d'y arriver moi non plus, j'avais couru presque tout le jour sans rien mangé, je n'en pouvais plus, j'en étais à un point ou l'instinct de survie prend le dessus, comme pour toi dans l'eau.

- On a eu de la chance.

- Je ne suis pas sûre qu'on ai eu tant de chance que ça.

- Moi je trouve quand même qu'après ce qui nous ai arrivé, c'est quand même incroyable que nous soyons toujours en vie.

- Ce n'est pas si incroyable que ça. C'est plus facile de lutter pour la survie des autres que pour la sienne, et tout n'est pas complètement aléatoire. J'avais vu la cachette sous l'arbre, je m'étais même dit que je pourrais retourner là si je me faisais attaqué.

- Oui, et pour le barrage, nous y avons pensé Sarah et moi, nous serions sans doute mort si nous étions sorties après l'explosion.

- Nous avons eu de la chance de ne pas être emporté par les flots, j'ai eu de la chance que tu n'ai pas perdu conscience, mais ce n'est pas tout à fait un hasard, tu t'es battu pour ça.

- Nous avons quand même eu de la chance d'atterrir dans cet arbre.

- Moins que Sarah qui est sur un tronc qui flotte. Peut-être est-ce que nous allons mourir entre ici et le fleuve. Il ne faut pas considérer que chaque fois qu'on s'en sort c'est grâce à la chance ou je ne sais quoi d'autre, c'est aussi parce qu'on se bat, c'est aussi parce qu'on prend des risques. Et chaque fois qu'on fait ça, nous sommes un peu plus préparé pour la prochaine fois.

- En France, lui dis-je en Français, nous avons un proverbe : "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort".

- Oui, enfin, c'est relatif, si je te coupe les deux bras je ne vais peut-être pas te tuer, mais je ne suis pas sûr que tu sois vraiment plus fort.

Incroyable, j'ai toujours eu la même réflexion vis à vis de ce proverbe ! Je me contente de sourire, elle pourrait le prendre mal.

Nous nous trouvons ensuite une position pas trop inconfortable pour nous reposer, le soleil monte doucement, et je parviens à m'allonger sous ses rayons, quelle joie.

Je dors bien cinq bonnes heures.

- Debout ! Debout ! me crie Énavila, des grillés !

Merde !

Je me lève rapidement, juste pour filer un coup de pied à un qui parvenait à grimper. Énavila me lance une barre, je la transforme en épée et calme définitivement un autre qui montait le long du tronc penché.

- Je ne peux pas bouger, il faut que tu m'aides !

- On dirait qu'il n'y en reste que trois, ils sont pas mal