page 22 le patriarche 23

tout fonctionne bien maintenant pour ton père et toi. De plus Ted commence à en avoir un peu marre, et ne serait pas contre te laisser la place pour tout ce qui est gestion, tu te débrouilles bien mieux que lui, d'ailleurs tu gères déjà une partie.

Deborah resta silencieuse... 24 ans... Elle aurait 24 ans dans six mois. Elle n'avait pas vraiment encore réalisé. Pour elle cela restait le futur, cela restait quand elle serait grande, quand elle aurait assouvi tous ses rêves de jeune fille. Mais oui, Billy avait raison, c'est bien la limite qu'elle s'était fixée. Mais était-elle prête ? Était-elle prête pour cette vie ? Pour cette vie qu'elle avait toujours prévue, mais la considérant presque comme un éternel futur, qui n'arriverait que quand elle serait fatiguée d'être jeune, que quand elle serait préparée. Mais elle n'était pas prête, pas du tout, et elle n'avait pas envie de se marier dans six mois, de rejoindre sa vie rangée, de devenir la respectable Deborah Kimbell, à la tête de la plus grosse exploitation du coin.

Elle sentit la pression de la main de Billy sur la sienne. Elle lui sourit et trouva une excuse :

- Excuse-moi Billy... J'ai passé une bonne soirée, et ne crois pas que je revienne sur ce que je t'ai dit. C'est juste que j'ai pas mal bu, et en plus je suis quand même fatiguée de ma journée... On reparlera de tout ça à tête reposé demain matin, d'accord ? On termine le repas tranquillement, on prend un dessert ?

Billy retrouva le sourire et appela un serveur. Deborah oublia un temps ses préoccupations, mais elles revinrent de plus belle quand elle monta dans la voiture. Elle avait envie de réfléchir à tout ça elle n'avait pas envie de rentrer avec Billy, d'ailleurs elle n'aimait pas se retrouver chez Ted, elle trouvait la maison sinistre. Elle ne dit rien pendant le retour, se demandant comment Billy allait réagir si elle lui demandait de la laisser chez elle. Elle chercha une excuse mais n'en trouva pas. Elle avait peur que Billy s'énervât si elle ne passait pas la nuit avec lui. Mais elle ne se sentait non plus pas la force de dormir avec lui.

- Écoute, Billy, est-ce que tu peux me laisser chez moi, je... Je ne me sens pas très bien, le vin... J'ai vraiment trop mangé, je crois que j'ai un début de crise de foie.

- Mais, viens plutôt à la maison, nous avons tout ce qu'il faut, je prendrai soin de toi, et puis ça fait plus de deux semaines que nous n'avons pas dormi ensemble.

- Non vraiment, je suis pas bien, je préfère rentrer à la maison. Et puis tu sais comment je suis quand je suis malade, je suis vraiment très désagréable, je préfère passez une bonne nuit chez moi, et je reviens te voir demain matin, d'accord ?

Billy accepta à contre-coeur, mais il ne voulait pas la contrarier, il n'avait pas encore eu sa réponse, et il était prêt à sacrifier cette nuit contre le gage d'avoir une bonne partie de celles du reste de la vie de Deborah. Il la laissa donc à l'entrée du ranch, Deborah insista pour qu'il ne la raccompagnât pas jusqu'à la maison, il accepta.