- Voilà ta lecture !... Tu as faim ? Tu veux que je prépare à manger ? Je n'ai pas encore manger.
- Moi j'ai mangé un peu, mais j'ai encore très faim, j'ai toujours très faim d'ailleurs, je mangeais beaucoup, avant ?
- Avant ? Oh non ! Tu ne mangeais presque rien... Enfin, tu mangeais beaucoup de pain, quand même...
- Oui, j'aime toujours le pain... Je veux bien que tu me fasses à manger... Tu ne travailles pas ? Tu fais quoi ?
- Si je travaille, à la boulangerie de Martin, toujours, et je donne aussi des cours du soir, en plus de ceux que je prends. D'ailleurs il faudrait que je prépare ceux de la semaine prochaine, et j'ai un devoir à rendre, mais on verra plus tard, je n'ai pas envie de penser à ça maintenant.
- Tu fais des études ?
- Oui, je suis étudiante en histoire économique.
Je ne lui en demande pas plus, trop impatient de me replongé dans mes lectures... Je n'aime pas trop mon style, je le trouve plutôt maladroit, je ne devais pas être très fort en littérature. Ça manque un peu de description, quand même, j'avoue que je ne me représente pas souvent les lieux dont je parle. En tout cas aucun souvenir ne semble me revenir...
Je continue à lire pendant que Naoma prépare à manger ; elle vient de temps en temps me faire un bisou ou se blottir dans mes bras. Je suis un peu gêné, je ne sais pas trop comment réagir. Je n'ose pas lui demander si nous étions ensemble auparavant. J'arrête de lire pour manger l'immense salade qu'elle a préparé.
- Ce pain est délicieux !
Naoma sourit.
- C'est presque ton pain.
- Comment ça ?
- C'est toi qui a appris à Martin à faire du pain comme ça. C'est du pain de la boulangerie.
- Je savais faire du pain ?
- Oui. Enfin au début c'était pas top, mais vers la fin tu te débrouillais bien. Martin aussi a un peu galéré au début, mais tu lui avais donné de bons conseils, maintenant son pain a un vrai succès.
- Oui j'ai vu qu'il y avait du monde qui faisait la queue quand je suis passé à la boulangerie.
- Tu y es passé ?
- Oui, enfin je suis passé à une boulangerie dont il y avait l'adresse sur le calepin, j'imagine que c'est celle-là.
- Sans doute, et tu n'as pas vu Martin ?
- Non, enfin j'en sais rien, en tous les cas personne ne semble m'avoir reconnu.
- Oui, pourtant c'est dimanche, il était peut-être aller faire une course entre deux tournées.
- Mais ? Comment ça se fait que je savais faire du pain, c'était pas mon métier pourtant ?
- Non, non, tu travaillais dans l'informatique, mais tu avais appris à faire du pain, je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs.
À plusieurs reprises Naoma se lève et vient derrière moi pour me prendre dans ses bras. Je suis toujours un peu gêné. Qu'est-ce que je peux bien faire ? La prendre dans mes bras, l'embrasser ? Elle est jolie, mais...
- Je suis mort trois fois ?
Elle me laisse et va se rasseoir. Elle se ressert de la salade, elle est vraiment mignonne. Ce pain est délicieux, je n'en reviens pas que ce soit moi qui ait appris au boulanger à faire un pain pareil... Cette vie est étrange... Je suis là, assis dans une jolie petite cuisine, en face d'une charmante jeune fille, et j'apprends que