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Marche arrière. J'accélère beaucoup trop, la voiture dérape. De vieux souvenirs de jeux vidéos de simulation de voitures me reviennent à l'esprit, comme les demi-tours sur route de "Need for Speed" au moindre coup d'accélérateur. J'en ai presque le sourire, mais ce n'est pas le moment de se la jouer nostalgique, plutôt celui de mettre en pratique les longues heures passées à l'époque à piloter des bolides virtuels du même genre que celui dans lequel je me trouve à l'instant, à la petite différence près que celui-ci est bien réel, et qu'il ne me reste qu'une seule vie avant la fin de la partie. Je pars à reculons pendant quelques dizaines de mètres pour m'éloigner de l'homme du Pentagone de peur qu'il ne se relève et commence à me courir après. Mais il a l'air KO alors j'en profite pour faire un demi-tour rapide et je croise les doigts pour que personne ne vienne d'en face sur la petite route. Un coup d'oeil dans le rétroviseur, les policiers s'ameutent et montent dans leurs voitures pour partir à mes trousses. Le type que j'ai bastonné a l'air mal en point, il peine à se relever. Maintenant c'est à moi de jouer, car c'est bien joli cet acte héroïque mais il faut que je me tire rapidement de ce bourbier. D'autant que ce n'est pas la panacée à conduire ce bestiau, à la moindre accélération il part en dérapage. Je passe un rapport supplémentaire, pour rouler en sous-régime, tout en tentant de garder à distance les voitures de police qui sont derrière moi. J'ai quelques dizaines voire centaines de mètres d'avance. J'ai beau être en sous-régime je dois tout de même avoir un bon paquet de chevaux au centimètre d'accélérateur. Ce serait bien un comble qu'on me rattrape alors que j'ai une des plus belles voitures de sport du monde ! Sortie du parc, je prends la 70 en direction de Raleigh, de l'autre côté la route vers le Nord ne m'inspire pas confiance. Je n'ai beau pas perdre de temps les voitures de police déboulent juste après, comme dans les films toutes sirènes dehors forçant les autres véhicules à s'écarter. Me voilà dans une course-poursuite des plus typiques de films américains ! Généralement ça finit mal ce genre de chose, mais

bon, restons optimiste. Ils vont vite, très vite même ! J'accélère et commence les zigzags entre les voitures qui circulent. Je me fais un peu peur, la vitesse augmente, 110 miles par heure en me faufilant entre les autres véhicules, près de 180 kilomètres par heure. Je ne sais pas si mourir écrasé dans une Viper est beaucoup plus agréable que de se faire attraper par ces gens-là.

C'est maintenant vraiment du pilotage, mais la voiture répond bien, et tout défile, mon coeur doit battre presque aussi vite que ma vitesse en mph. J'arrive sur la 440, vers la gauche un panneau indique Atlanta, c'est du tout bon je prends cette direction ! La route est un peu plus large mais aussi un peu plus encombrée. Les policiers ont du mal mais ils me collent toujours aux fesses, à quelques voitures seulement plus en arrière. En prime les automobilistes se serrent à droite en entendant leurs sirènes, rendant ma progression plus facile tout autant que la leur. Très bien, il va falloir que je mette à profit le moteur que j'ai sous le capot. J'accélère et commence à slalomer un peu plus vite à mesure que je prends confiance dans la voiture. Alors que j'avance le trafic est moins dense ; à 130 miles par heure tout commence à filer très vite mais les policiers sont toujours là. J'arrive à un embranchement, je prends sur la droite la route qui s'éloigne de la ville, encore moins de circulation, c'est tout droit, je lâche tout. 150, 160 miles par heure, plus de deux cent cinquante kilomètres par heure, je commence à avoir vraiment peur ; mais je me rends alors compte que les policiers ne sont plus à mes trousses, je ralentis mon allure. Pourtant ils s'accrochaient bien, m'auraient-ils lâché à l'embranchement ? Ce n'est peut-être simplement plus leur canton ? Où alors peuvent-ils suivre les déplacements de ma voiture à distance, par un marquage quelconque ou en hélicoptère ? Ou encore l'homme du Pentagone ne veut pas faire de vagues et plutôt me récupérer en douce, ou m'éliminer, tout aussi en douce, un peu plus tard ? Quoi qu'il en soit, je souffle, enfin... Je ne peux m'empêcher d'avoir le sourire au lèvre, même si le souvenir de David et de la situation dans laquelle je me trouve me le rendent un peu amer...

C'est tout de même une belle voiture. Avec une joie non dissimulée je retrouve mon sac posé devant le siège passager, bonheur ! La vie est trop belle ! Alors Sac, tenté par une petite balade en