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faut tout de même admettre que nous avons sans doute parcouru peut-être cent ou cent-cinquante kilomètres depuis notre dernière attaque.

Sarah s'arrête à plusieurs reprise pour étudier les insectes. Ceux-ci ressemblent toute de même beaucoup à ceux de la Terre. Beaucoup n'ont que quatre pattes, cependant, mais certains en ont six, même s'ils ne sont pas très courants. Nous avons même trouvé une araignée, qui s'apparenter à s'y méprendre à une araignée de mon jardin. Sarah a passé de nombreuses années à étudier l'évolution des insectes sur la Terre comparée celle d'Adama. Elle semble dire qu'il y a deux souches distinctes d'insectes, ceux à quatre pattes formant un ensemble à part. Peut-être est-ce le signe, d'après elle, de l'arrivée des hommes sur une planète contenant déjà de la vie, et de l'échec de l'ajout d'un écosystème purement humain sur celui existant. Pour elle, l'hypothèse la plus plausible en terme d'évolution serait l'arrivée il y a plusieurs centaines de milliers ou quelques millions d'années d'un écosystème d'adama classique, et que celui-ci aurait évolué pour s'adapter au milieu, notamment la riche teneur des sols en soufre, par exemple. Pourtant cette hypothèse est difficilement envisageable, car aucun humain n'existaient il y a plusieurs centaines de milliers d'années, les premiers vol extra système adamien remonte à la colonization de Ève, il y a presque dix milles ans d'Adama, soit seize milles ans de la Terre. Et à l'époque les techniques de terraformation étaient extrêmement précaire, impossible que les hommes d'alors ait pu venir jusqu'ici, en dehors des limites de la Congrégation actuelle. Le plus tôt envisageable, le moment où les sondes automatiques se sont éloignées de plus de deux cent années-lumière d'Adama, remonte à trois ou quatre mille années d'Adama après le MoyotoKomo, soit il y a treize mille ans de la Terre au maximum. Impossible, selon Sarah, que la nature ait changée à ce point en treize mille ans, que les animaux que nous avons rencontré aient pu apparaître à partir d'un écosystème du type de celui d'Adama.

Le jour avance, et nous continuons nos hypothèse en suivant la crête. La seule explication qui satisfait Sarah est que, aussi improbable que cela puisse paraître, la vie sur cette lune est apparu de manière indépendante, et que notre chance est immense de pouvoir respirer correctement et digérer la viande des animaux. Cela ne se passe pas forcément idéalement, nos bracelets nous avertissent d'un

manque en acide gras et certaines vitamines, que nous ne pouvons pas synthétiser et non présent dans la nourriture locale, mais que nous ayons survécu presque dix jours est déjà invraisemblable.

Après un bon repas, où j'expérimente quelques insectes grillés, c'est assez bon quand c'est bien cuit, et une petite sieste, nous reprenons notre route tranquillement. Nous apprécions de n'être plus que tous les deux, et de ne pas avoir à suivre le rythme effréné d'Énavila.

- Elle revient vers nous, m'interrompt Sarah, alors que je m'étonnais devant une sorte de fleur que nous n'avions encore jamais vu.

- Qui ?

- Énavila, elle a bifurqué, elle vient vers nous très rapidement, elle court.

- Tu peux la contacter ?

- Oui, attend.

Sarah reste silencieuse un instant, mais je sens rapidement son affolement. Elle se retourne vers la montagne en face, puis regarde dernière nous. Elle redevient calme.

- Énavila revient vers nous, d'après elle les grillés foncent droit sur nous, mais elle n'a pas vraiment d'élément, tu vois quelque chose ?

- Non, dis-je en montant sur un rocher pour avoir une meilleure vu, je ne vois pas plus de trace du dragon dans le ciel. Tu penses qu'elle délire ?

- Sûrement, comment pourrait-elle savoir si les grillés vont vers nous, elle est plusieurs dizaines de kilomètres en avant, et d'ici nous ne voyons rien.

- Elle n'a rien vu du tout ?

- Non, elle m'a juste dit qu'elle avait senti qu'ils arrivaient.

- Comme d'hab. C'est possible qu'ils arrivent, cela dit, la dernière fois ils n'ont pas attaqué dès la lever du jour, il a fallu